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Conseil Agricole Le marathon sur la réforme de la Pac démarre dans la douleur

LUXEMBOURG, 11 juin (AFP) - Les ministres européens de l'Agriculture ont engagé dans la douleur mercredi à Luxembourg leur marathon de négociations sur la réforme de la politique agricole commune (Pac), avec le rejet d'entrée de jeu par la France du projet de compromis mis sur la table par la présidence grecque de l'UE.

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Dans ce contexte, la première session de travail entre les Quinze et leurs homologues des dix futurs membres de l'Union a tourné court en moins d'une heure.

Pour tenter de dénouer l'imbroglio, le ministre grec Giorgios Drys a choisi de faire passer chacun de ses homologues au "confessionnal" avec le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler jusqu'à jeudi en fin d'après-midi, en prélude à un dîner qui réunira tout le monde à huis clos sans collaborateurs.

Les pronostics restaient partagés mercredi soir sur les chances d'aboutir à un accord d'ici la fin de la semaine, comme le souhaite M. Fischler.

Le ministre français Hervé Gaymard s'est dit "assez pessimiste". "Il y a une forte hypothèse qu'il y ait une interruption pendant le week-end et qu'on reprenne la semaine prochaine", a-t-il estimé. "Je crois que nous arriverons à une décision dans les prochains jours", a déclaré au contraire l'Allemande Renate Kuenast.

M. Gaymard a toutefois exclu que le dossier Pac soit renvoyé au sommet européen de Salonique (Grèce) le 19 juin.

Le ministre français, dont le pays mène la fronde avec l'Espagne contre la réforme défendue par le commissaire Fischler, a estimé que la proposition de compromis de la présidence grecque ne comportait "quasiment aucune avancée" en vue d'un accord équilibré.

Le document n'introduit qu'avec une extrême prudence l'idée, acceptée notamment par la France, l'Allemagne et l'Espagne, d'un découplage partiel entre les aides directes aux agriculteurs et le niveau de production.

La proposition grecque ne remet en cause à ce stade ni le projet de M. Fischler d'instaurer en 2007 une dégressivité des mêmes aides, pour financer de futures réformes de marché, ni celui de baisses des prix des céréales et du lait.

"Il faudra au moins quatre ou cinq compromis avant d'arriver", a estimé une source proche de la délégation française. Le ministre espagnol Miguel Arias Canete a souligné pour sa part qu'un compromis sur la Pac n'était pas une question de "temps" mais de "contenu".

"Les négociations vont être clairement difficiles. Nous avons beaucoup de problèmes devant nous", a reconnu M. Fischler.

"Ce que nous espérons, c'est d'arriver à un terrain d'entente, un cadre suffisant pour un accord (...) Je serais très heureuse si les Français et tous les autres sont heureux", a déclaré sa principale alliée, la ministre britannique Margaret Beckett.

De son côté, M. Gaymard a défendu les "principes" de l'entente franco-allemande sur la Pac annoncée mardi par le président Jacques Chirac et le chancelier Gerhard Schroeder, partagés selon lui "par une large majorité des Etats membres".

Selon le ministre français, Paris et Berlin refusent qu'un accord sur la Pac puisse être remis en cause après la conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en septembre à Cancun (Mexique).

Ils veulent aussi repousser à 2007 l'application d'une réforme, conformément à l'accord européen d'octobre 2002 sur le gel de l'architecture actuelle de la Pac jusqu'à fin 2006 et le plafonnement des aides directes après cette date.

Enfin, Français et Allemands récusent toute "baisse de prix pour le lait et les céréales", toute "dégressivité des aides" ou "découplage total" et réclament un "niveau raisonnable" de modulation (Ndlr, réorientation d'une partie des aides directes vers le développement rural) de l'ordre de 4 à 6% par an.


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